Memento de l'Aficionado 2014

Paquirri le 21 juillet 1970 au Plumaçon


En 2014, la traditionnelle introduction du "MEMENTO DE L'AFICIONADO" est consacrée à Francisco Rivera "Paquirri" dont la mort tragique dans les arènes de Pozoblanco (Cordoue) remonte désormais à 30 ans...

Un texte signé Dominique Desplats.


1984 - 2014 : Souvenirs de Francisco Rivera "PAQUIRRI"

Mont de Marsan, arènes du Plumaçon, mardi 21 juillet 1970. Corrida d'Antonio Martinez Elizondo pour Antonio Ordoñez, Paco Camino et Francisco Rivera PAQUIRRI. Une oreille à chaque toro pour les deux premiers, deux oreilles et la queue pour Paquirri face à son premier toro "Camaron", honoré d'une vuelta posthume. Dans le journal Sud Ouest le lendemain, Georges Dubos saluait "le grand triomphateur de cet exceptionnel après midi, le souriant Paquirri, (qui) se montra à la hauteur du merveilleux toro qui lui échut en premier".  C'est le triomphe le plus important de Paquirri dans nos arènes où il ne toréa pas moins de 17 fois entre 1967 et 1983, pour un total de 20 oreilles et 1 queue. 
30 ans après sa mort, le 26 septembre 2014 à Pozoblanco, Province de Cordoue , la mémoire de Paquirri est encore bien présente dans le souvenir  des aficionados. A chaque blessure grave, à chaque fois qu'un torero échappe à la mort, on repense à ceux qui ont perdu la vie, à ceux pour qui le miracle n'a pas eu lieu. 
 La mort de Paquirri en septembre 1984 a été vécue comme un tremblement de terre dans toute la planète taurine. Et ce fut aussi une incroyable secousse en Espagne où Paquirri vivait depuis longtemps sous les feux des projecteurs. Francisco Rivera "Paquirri" était une vedette dans son pays. Il s'était marié une première fois en 1973 avec Carmen, fille d'Antonio Ordoñez et nièce de Luis Miguel Dominguin. Ensemble ils ont eu deux garçons : "Fran", Francisco Rivera Ordoñez, matador de toros, qui a récemment repris l'apodo de "Paquirri". Il est également le père de "Cayetano", novillero prometteur mais matador malheureux qui semble avoir assuré sa reconversion dans la mode, la télé réalité et les missions humanitaires. En 1983, après plusieurs aventures amoureuses connues de tous, Paquirri s'était remarié avec Isabel Pantoja alors jeune chanteuse  adulée par toute l'Espagne. Ils ont eu un fils "Kiko" Rivera, qui fait les beaux jours des programmes "légers" de la télévision espagnole. Aujourd'hui, sa famille fait toujours l'objet des plus grandes attentions de la presse à scandale et les réseaux sociaux se sont emparés de son souvenir pour alimenter le mythe... 
Tout comme la vie de Paquirri, sa mort a été filmée en direct. Les images de la cornada ont défilé à l'infini. La caméra, obscène et indécente, s'est invitée jusque dans l'infirmerie, jusqu'aux derniers instants. L'Espagne toute entière a été témoin de cette tragédie et s'est aussitôt vêtue de noir pour porter le deuil de son torero vedette. 
Pozoblanco, c'était la dernière de la temporada. Le lendemain, il devait s'envoler pour le Venezuela pour ce qui serait sa dernière saison aux Amériques. Paquirri avait décidé de mettre un terme à sa carrière pour se consacrer à sa famille. 
Une carrière impressionnante: durant 22 ans, il a torée 22 novilladas sans chevaux, pour un palmarès de 38 oreilles et 4 queues. 82 novilladas piquées pour 125 oreilles et 20 queues. 1297 corridas pour 1986 oreilles et 198 queues. Il a donné 7 alternatives et été le témoin de 15 autres. Il en a confirmé 4 et assisté 6 autres. Il a inauguré 5 arènes, défilé aux côtés de 265 compagnons de cartel et alterné avec 25 rejoneadores. Damaso Gonzalez (plus de 200 fois), Niño de la Capea, Angel Teruel, Paco Camino, José Maria Manzanares, Palomo Linares et Miguel Marquez ont toréé plus de cent fois avec lui. 
Il a fait le paseo dans 183 arènes du monde: 73 corridas à Barcelone, 33 à Séville et 29 à Madrid. 
Il a tué des toros provenant de 259 élevages différents: 56 fois des Torrestrella, 54 des Carlos Nuñez, 49 des Juan Pedro Domecq, 45 des Buendia, 44 des Atanasios Fernandez et une fois seulement des Miura. A Pozoblanco il y a 30 ans, il toréait pour la 6ème fois les toros de son ami Juan Luis Bandres, élevage auquel appartenait le tristement célèbre  Avispado .
Au Plumaçon, il s'est opposé à des Juan Pedro Domecq, des Martinez Elizondo , des Lisardo Sanchez, des Luis Algarra, des Salvador Domecq, des Urquijo, des Benitez Cubero, des Dionisio Rodriguez, des Rocio de la Camara, et enfin des Murteira Grave. Espla, Nimeño II , Damaso Gonzalez, El Yiyo, Curro Vasquez, Rafael De Paula, Emilio Muñoz, Angel Teruel, Jose Maria Manzanares, Manili, Paco Alcalde, Antonio Galan, Niño de la Capea, Miguel Marquez, Curro Rivera, Paco Camino et Antonio Ordoñez y ont partagé l'affiche avec lui.
 
Paquirri a reçu de nombreuses blessures et de sérieux coups de cornes dont un, gravissime, à Séville en 1978. Il fut blessé à Barcelone le 17 juillet 1966 par son toro d'alternative lors de la mise en suerte au cheval, évènement qui l'obligea à reporter de quelques semaines la cérémonie pour officialiser son rang de matador de toros. 
Et pendant toute sa carrière, il est resté au sommet, dominant même l'escalafon pendant plusieurs années avec une régularité époustouflante. Tout comme son courage et sa connaissance parfaite du comportement des toros de combat. Torero de feria, Paquirri  a connu des succès importants dans les plus grandes arènes. Prince de Séville en 1966, 1977, 1978, 1979,1981, il franchit la grande porte de Madrid deux fois en 1969, puis en 1974 et 1979. Il était le roi des Amériques où il vivait chaque année une temporada triomphale. Grand capeador, excellent banderillero, lidiador courageux,  il était aussi un tueur puissant et précis qui livrait des faenas souvent justes et bien rythmées. Il aimait se mesurer aux autres toreros et remporter la bataille. 
D'aucuns lui reprochèrent son manque de profondeur, la prévalence de la technique au détriment de l'esthétique...Les aficionados aimaient surtout sa générosité, son charme et son sourire. 
Paquirri était devenu, dès sa première apparition le 24 juillet 1967, la "coqueluche du Plumaçon":  "La foule montoise, qui a pour lui les yeux de Chimène, revoyait Paquirri après sa grave blessure du mois d'avril à Séville (où il avait reçu deux très graves coups de corne dans chaque cuisse). Son "Paquirri" qu'elle a retrouvé toujours aussi énergique et délié dans les détails de la lidia, plus maître de sa profession, c'est à dire de soi même, que jamais (...) l'enfant chéri des landais" nous rapporte-t-on en 1978.  Pour sa dernière en 1983, "le matador va donner une démonstration. Avec la sérénité d'un sénateur, Paquirri tisse sa toile et soumet à son rythme, à son pouls personnel, le Domecq. Chaque passe - et il en est une où le poignet donne deux à-coups presque imperceptibles - a une résonance d'authenticité et de justesse remarquables". 
Paquirri assurément a marqué l'histoire taurine du Plumaçon. En 1967, lors de son premier paséo, il est sorti a hombros avec seulement une oreille coupée...symbole que l'aficion montoise aime consacrer ses héros au delà de la règle.


________________________________

Pendant la Madeleine, venez vous procurer le "MEMENTO DE L'AFICIONADO" 2014 à la Peña Taurine A Los Toros - 2 rue rue Léon Lalanne (en face des arènes) à Mont de Marsan -.