Juan José en 1969 au Plumaçon fut à 2 doigts de décrocher la lune - Archives ALT - |
1889, 1959, 1969, 1979, 1989, 1999, 2009, 2019... A l'occasion des 130 ans du Plumaçon, l'intro du traditionnel Mémento de l'Aficionado de la Peña A Los Toros revient sur quelques anecdotes qui ont marqué l'histoire de nos arènes.
Elle est signée André Marc Dubos.
Bonne lecture à toutes et tous.
Quelques décennies plus tard…
On
ne sait pas combien de temps il faudra pour reconstruire Notre Dame de Paris,
mais on a l’exemple de la célérité de nos anciens. Il y a 130 ans, après des
mois de débats et une commission, la Municipalité dirigée par M. Arnaudin (un
notaire) procédait le 20 janvier 1889 à l’adjudication de la construction de
nouvelles arènes aux divers corps de métier. Les travaux seront terminés début
juillet ! Elles seront inaugurées pour les fêtes du 20 au 24 juillet.
Courses hispano-landaises avec Jose Rodriguez « Pepete » (prima
espada) et le provençal « Pouly » (Etienne Boudin, « 1er
toreador français » sur les affiches !). Le
Plumaçon, plus ancienne arène de France (excepté les amphithéâtres romains),
était lancé. Revenons de décennie en décennie, sur celles dont la mémoire est
encore vive.
Il
y a 60 ans, la Mont de Marsan taurine et son Comité des Fêtes, présidé par le
bijoutier Jean Lamarque, frappent un grand coup. Pour la première fois en
France, une arène propose une feria avec trois corridas consécutives. Une
grande réussite pour un début où les figuras de l’époque triomphent: Luis
Miguel Dominguin, Antonio Ordoñez, Jaime Ostos et « Chicuelo II ». D’autres
arènes suivront l’exemple…
Il
y a 50 ans (1969) un jeune matador salmantino, Juan José, décroche le triomphe
de la feria (4 oreilles d’une corrida de Buendia), partagé avec Paco Camino et
Manolo Martinez (3 oreilles chacun). Venu à la Peña « A los Toros »
récemment, il a raconté s’en souvenir encore… pour une autre raison. Cette
nuit-là, arrêté pour diner dans un restaurant de bord de route en Espagne, le
jeune homme a vu en direct, éberlué, Armstrong poser le premier pied sur la
lune ! Juan Jose est aujourd’hui directeur de l’école taurine de Salamanca.
Il
y a 40 ans (1979) la Madeleine se solde par des triomphes plus ou moins
justifiés. Plutôt plus pour Ruiz Miguel, et pour l’excellente corrida de La
Quinta avec Angel Teruel, que Madrid a fêté enfin cette année (oreille -
oreille), Niño de la Capea (oreilles) et Nimeño (2 oreilles) qui continue à
être le chouchou du Plumaçon. De son alternative en 1977 à son accident de
1989, il n’y manquera jamais un paseillo. Le génial (ou pas !) torero
gitan Rafael de Paula fait une apparition… à oublier. Le public retiendra qu’au
moment où il allait tuer (ou essayer), un petit oiseau se posa sur la croupe de
son toro. Certains y ont vu une superstitieuse « gitanaillerie ». En
becerrada, el Yiyo triomphe et s’impose définitivement comme le nouvel enfant
chéri de la Madeleine.
Il
y a 30 ans (1989) Mont de Marsan rate le centenaire des arènes, affublé d’une
affiche qui transforme le Plumaçon en soucoupe volante (in)digne de Spielberg.
Une nouvelle commission taurine, très politique, se mélange les pinceaux. Pour
l’occasion elle ajoute une 6ème corrida, dite du Centenaire, dont
les mythiques Miura disparaissent mystérieusement quelques jours avant la
feria. Ils étaient trop moches, parait-il ! On ne les avait donc pas vus
avant ? Et comme les Benitez Cubero de remplacement sont particulièrement
vilains… Cette année-là Nimeño II, qui n’a jamais manqué un paseo au Plumaçon
depuis son alternative, est doublé. Il coupe 3 oreilles à la corrida concours
(Miura et Guardiola Dominguez), une, la seule, des Benitez Cubero, et devient
le triomphateur de la feria. Hélas, pour la dernière fois, avant le tragique
rendez-vous un Miura, en septembre à Arles. Enrique Ponce fait son premier et
seul paseillo de novillero au Plumaçon.
Il
y a 20 ans (1999), à peine matador (18 septembre 1998 à Nîmes), El Juli fait sa
présentation au Plumaçon (arène où il a débuté sa carrière en habit de lumières
sans picadors, un matin de 1995) face à des toros de Zalduendo et coupe une
oreille. On l’a vu à ce jour 23 fois dans cette arène. Juan Jose Padilla aura
lui attendu 5 ans d’alternative pour débuter dans cette plaza. Avec deux
oreilles d’un Victorino Martin, l’aficion s’en souviendra et il reviendra
souvent avec succès affronter les toros du sorcier. 13 paseillos pour le Pirate
au Plumaçon. Cette feria voit une des tardes noires de l’histoire de la
Madeleine : un infâme lot de Luis Algarra déclenche la terrible et sonore
colère du Plumaçon, les toreros (Ponce, El Cordobes, Abellan) s’en vont la
queue entre les jambes. Et cette année-là la peña « A los Toros »
devient propriétaire de son local !
Il
y a 10 ans (2009), grande première, le Plumaçon change de régime et de mains.
Exit le Comité des Fêtes (association loi 1901 peu transparente), voici une
régie municipale. Les sociétés de Marie Sara / Simon Casas, à part égale,
remportent le gros lot devant Alain Lartigue et la casa Chopera. A signaler:
les membres de la nouvelle commission taurine se sont partagés entre Lartigue
et Chopera, aucun pour le duo ! Quelle vista ! La commission
municipale d’appel d’offres, présidée par Mme Darrieussecq, tranche. On nous
annonce une feria champagne, une « nîmoiserie », mais c’est plutôt
réussi et les trophées pleuvent par trois pour Enrique Ponce, Sébastien
Castella, Sergio Aguilar, par deux pour El Juli et Luis Bolivar ! Nos deux
novilleros montois branchent le public dans une novillada entièrement locale
avec le rejoneador Thomas Baqué face aux pupilles d’Enrique Ponce. Thomas Dufau
coupe deux oreilles et Mathieu Guillon une.
10
ans plus tard, au gré des appels d’offres, Marie Sara et Simon Casas sont
toujours là…
Il y a 30 ans que Nimeño est tombé au champ d’honneur
du toreo. Padilla n’est plus là, El Juli n’est pas là, les Luis Algarra sont de
retour…