![]() |
Dimanche 24 mai 1981 - Novillada de Miura (de 4 ans !) |
En 2015, la Peña Taurine A Los Toros ne pouvait pas ne pas consacrer à José Cubero "El Yiyo" l'introduction du "MEMENTO DE L'AFICIONADO"...
"YIYO", 30 ans déjà
__________________________
Rappel : le 1er mai 1986, avec les autres peñas de la ville, la Peña A Los Toros honorait déjà la mémoire du "Yiyo" en inaugurant un azulejo (toujours présent) au patio de caballos du Plumaçon.
Extrait de "Peña Taurine A Los Toros, 15 ans" (1991), cliquez ici.
Et la photo qui va avec (collector !!!).
30 août 1985 - Arènes de Colmenar Viejo, aux portes de Madrid. 7ème corrida de la feria. Il est 20 h 45, José Cubero «Yiyo» s'engage pour tuer son second toro. Un pinchazo dans le haut. Il se profile, rageur, et se jette pour une grande estocade, qui s’avérera mortelle. Mais le toro se retourne et le fait chuter lui enfonçant la corne à travers l'épaule, atteignant le cœur. Emporté par la cuadrilla, il a le temps de souffler à son peon Pirri : «Il m'a tué». Il arrive en état de mort clinique à l'infirmerie.
Un an après une «figura», Paquirri, la Fiesta Nacional venait de perdre l'un de ses toreros les plus importants, celui en qui tout le monde voyait le futur grand maestro de l'époque. Il avait 21 ans.
Au delà de sa fulgurante carrière, José Cubero Sanchez a marqué des liens très particuliers avec notre Sud-Ouest. Tout d'abord parce qu'il était né à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux, le 16 avril 1964. Droit du sol, on proposa à son père de lui offrir la nationalité française, ce qu'il refusa. Le petit «Yiyo» (contraction de Joselito) avait l'aficion précoce puisqu'il toréait à 8 ans. C'est à ce moment-là que la famille Cubero retourna s'installer à Madrid. A 14 ans, il intégrait la toute nouvelle «École Nationale de Tauromachie» dirigée par Enrique Martin Arranz.
Et ce fut son second lien avec le Sud-Ouest. En 1978, sur les conseils du journaliste montois Georges Dubos, ami de Martin Arranz, le Comité des Fêtes présentait pour la première fois en France les «Princes du Toreo», les surdoués de l'école, sa deuxième promotion qui assura 49 becerradas cette année là !
Le dimanche 16 juillet en matinée, Lucio Sandin, Julian Maestro et «Yiyo» défilait au Plumaçon, en compagnie du dacquois Dédé Prat. Malgré un lot lourd, puissant, dur et manso (on dut finalement sortir un picador), ce fut un enchantement pour le public et le triomphe absolu de l'élégance et la sûreté de «Yiyo» : tour de piste et 2 oreilles et la queue.
Le cartel ne pouvait être que renouvelé en 1979, encore avec du bétail bronco et manso, de Angel Hernandez. Ce qui ne l'empêchera pas d'affirmer sa domination : 2 oreilles et salut.
Le niño était entré dans le cœur de l'aficion montoise.
Et trouvait déjà un apoderado, celui qui allait le soutenir jusqu'au dernier rendez-vous, Tomas Redondo. Le 11 mai 1980, il débuta à Las Ventas avec picadors puis deux tardes à la Maestranza de Sevilla en juin et juillet, puis Bilbao et finit l'année en remportant le «Zapato de Oro» de Arnedo.
1981 - Pour la novillada piquée montoise, le 24 mai, était annoncé un lot de Miura, non sans polémique, puisque ces «novillos» étaient en fait des toros de 4 ans mais de petit gabarit. Alors que la commission taurine planchait sur le cartel, c'est un membre du bureau de la peña «A los Toros», Joël Toyes qui proposa le «Yiyo» ... au grand effroi du Comité qui assura qu'il n'accepterait jamais ! Manolo Chopera, prestataire de la Madeleine, affirma, lui, que l'idée était intéressante et qu'il lui ferait la proposition ... en offrant quelques autres contrats en Espagne.
C'est ainsi que le 24 mai, dix jours après avoir ouvert la «Puerta Grande» de Madrid, et une semaine après avoir coupé une oreille à Sevilla, le «Yiyo» toréa sa première «miurada» aux côtés de Victor Mendes et Vicente Yesteras. Il salua après une faena courte mais puissante à son premier qui se retournait vite, et fut appelé à un tour de piste pour sa seconde prestation, de belle densité mais gâchée de quatre coups d'épée.
Le 30 juin, il prenait l'alternative à Burgos, des mains d'Angel Teruel, témoin Manzanares, toros de Buendia, devant les caméras de la télévision espagnole. Et un fort contingent d'aficionados du Sud-Ouest.
Et le lundi 20 juillet il se présentait triomphalement comme matador de toros à Mont-de-Marsan, face aux Murteira Grave, en compagnie de Paquirri et Damaso Gonzalez. Deux oreilles après un bijou de faena et vuelta au 6ème, handicapé de l'arrière-train, qui le souleva à l'estocade.
1982 - La conquête définitive du Moun ! Lundi 19 juillet, corrida inoubliable de Buendia, sous les éclairs et le vent. Damaso Gonzalez et Niño de la Capea coupent chacun une oreille et le déluge arrive. Dans une piste impraticable, déchaussé, le «Yiyo» s'engage avec un toro de race tué «al encuentro» : Deux oreilles dans le délire et la corrida est interrompue. Le lendemain, on lui offre le remplacement d'Antoñete blessé, aux côté de Nimeño et du Mexicain Jorge Gutierrez (oreille) face aux Moreno de Silva. Il est peu posé mais laisse des détails de classe.
1983 - Année polémique où il est absent de Madrid ... mais y rentre par le biais de trois substitutions, coupant quatre oreilles et ouvrant une «Puerta Grande». A Mont-de-Marsan son étoile est au firmament et il confirme. Le Mardi 23 juillet, dans le cartel «cumbre», des toros de La Quinta de classe avec Niño de la Capea (une oreille à chaque) et Paco Ojeda (2 oreilles), il éclabousse de son talent le Plumaçon, à la cape comme à la muleta, deux faenas sensationnelles : quatre oreilles. Il est le seul à sortir «a hombros» sous un déluge soudain, ses compagnons préférant s'éclipser rapidement.
1984 - Triomphe historique oblige, pas moins de deux contrats à la Madeleine. Le mardi 24 juillet, malgré une vive polémique sur les toros de La Quinta / Buendia, petits et suspects de cornes (ce qui poussera les clubs taurins à poser leurs banderoles à l'envers), accompagné d'Antoñete et Emilio Muñoz (3 oreilles), il régale les Montois d'une faena toute en harmonie et variété, coupant les deux oreilles du 6ème. Le mercredi 25 juillet, au cartel avec Damaso Gonzalez et Nimeño (oreille), il écoute sa seule bronca en ces lieux face à un Pablo Romero de courte charge qu'il expédie d'un bajonazo. Il tue son suivant en piste après la sortie du mouchoir vert, et se bat avec un manso sobrero d'Ortigao Costa, arrachant des passes inespérées. Il salue après une bonne estocade.
1985 - Le mardi 23 juillet, auréolé de son triomphe de Pamplona, il tombe, avec Niño de la Capea (oreille) et Pepin Jimenez, sur un lot de Buendia agité et tête haute. Il coupe néanmoins un trophée après un estoconazo.
Prodigieuse étoile filante, le «Yiyo», a marqué l'histoire. Et celle du Sud-Ouest totalement, à Dax, comme à Mont-de-Marsan, ou Hagetmau qui maintient chaque année le «trophée Yiyo» au triomphateur, en souvenir d'une novillada exceptionnelle. A Mont-de-Marsan son souvenir est toujours là, dans les cœurs et les rétines. Et près de la chapelle un azulejo, posé en 1986 en présence de son père et de son frère, à l'initiative du Comité des Fêtes et des clubs taurins montois, rappelle l'impact de son toreo, de gamin à maestro, dans le Plumaçon.
André-Marc Dubos
__________________________
Rappel : le 1er mai 1986, avec les autres peñas de la ville, la Peña A Los Toros honorait déjà la mémoire du "Yiyo" en inaugurant un azulejo (toujours présent) au patio de caballos du Plumaçon.
Extrait de "Peña Taurine A Los Toros, 15 ans" (1991), cliquez ici.
Et la photo qui va avec (collector !!!).