Memento de l'Aficionado 2017

Madeleine 1979


En 2017, Nimeño II, qui connut tant de succès au Plumaçon, aurait atteint les 40 ans de son alternative...
En plus de l'exposition qui lui est consacrée pour la Madeleine, l'Intro du Memento revient sur ses débuts. Normal.


1977-2017. Il y a 40 ans, l’aventure « NIMEÑO »…

Personne n’oublie la relation particulière qui a lié Christian Montcouquiol « Nimeño II » à Mont de Marsan. Tout comme son grand frère Alain « Nimeño I » en un temps où la toreria française était ostracisée: il obtint le « Prix de la Vocation » en 1968 avec Simon Casas, et Mont de Marsan fut une des rares villes à les recevoir pour une conférence au théâtre municipal. 

Nombre d’aficionados landais avait suivi la carrière de novillero de Christian, initiée avec picadors en 1972 à Lunel, avec les difficultés de l’époque, trois ou quatre, contrat l’an, jusqu’à son triomphe à la feria de Nîmes 1975 et l’explosion de 1976 avec l’appui de Manolo Chopera (34 novilladas dont 17 en Espagne). « Nimeño II » se présente de novillero à Mont de Marsan le 19 septembre et coupe une oreille des Guardiiola de Maria Luisa. 

Début 1977, Chopera est officiellement son apoderado et la saison commence sur les chapeaux de roue. « Nimeño II » passe par les grandes arènes (Valence, Barcelona, Zaragoza, Salamanca), se présente avec succès à Sevilla le 23 avril (oreille d’un Torrestrella). Le 9 mai c’est l’évènement : pour sa présentation à « Las Ventas » de Madrid, il coupe deux oreilles aux novillos de Buendia et ouvre la Puerta Grande, une première historique pour un torero français. 

Et c’est le moment tant attendu. Le 23 mai à Nîmes, Christian se voit conférer l’alternative par Angel Teruel. Curiosité, le témoin est Manzanares: cinq ans auparavant, à Arles, Christian avait sauté comme espontaneo à un de ses toros. « Nimeño II » coupe une oreille au toro du doctorat, « Elegante », n°60, de la ganaderia « Torrestrella », et un second trophée au dernier de la tarde. Hélas, deux jours plus tard il reçoit une forte cornada dans la cuisse gauche à Barcelona. Un mois d’arrêt. C’est en juillet qu’il revient toréer en France, et de quelle manière: le 16 à Palavas (2 oreilles), le 17 à Fréjus (4 oreilles et une queue) et le 18 sa présentation de matador à Mont de Marsan, en compagnie de Paco Camino et Roberto Dominguez, face à des toros de Murube et un Plumaçon comble. Une tarde triomphale (oreille - 2 oreilles) qui marquera l’aficion montoise et dont le quotidien « Sud-Ouest » commentera, sous la plume de Georges Dubos: « Même en faisant la part de l’esprit cocardier, il me paraît difficile de discuter le succès remporté par Nimeño à cette deuxième journée de la feria montoise… Une journée mémorable pour notre compatriote qui n’a pas manqué sa présentation de matador de cartel dans le sud-ouest ». Un triomphe complété un mois plus tard par ceux des ferias de Béziers (2 oreilles) et de Dax (3 oreilles). Mont de Marsan lui sera fidèle, lui qui n’aura jamais manqué une Madeleine jusqu’à la tragique année 1989, quinze tardes que commémorent un « azulejo » posé dans l’entrée des cuadrillas, à l’initiative des peñas taurines montoises. 

Grâce à l’appui de la casa Chopera, on peut dire que Christian aura eu une première année de matador rêvée, malgré la blessure de Barcelona. Il totalisera 40 corridas en Europe avec des passages dans des arènes de 1ère catégorie comme Barcelona (3 fois !) et Valencia et dans des ferias renommées (Burgos, Santander, Almeria, Salamanca, Logroño ou Valladolid). Il sera sacré triomphateur des ferias de Calahorra, Huesca, Talavera La Reina et surtout de la temporada de Barcelona. Le tout dans des cartels importants où il aura l’occasion de côtoyer les figuras de l’époque comme Angel Teruel (10 fois), Paquirri (13), Manzanares (9), des maestros historiques comme Paco Camino (8 fois), El Viti (3), Palomo Linares (5), Rafael de Paula (3) ou Curro Romero (1), mais aussi toute sa génération, les Niño de la Capea (6), et Luis Francisco Espla (4). Cette saison lui ouvrira les portes de l’Amérique du Sud où il débutera fin octobre au Vénézuela, obtenant le trophée « Cesar Giron » et le prix de « Radio America. 

Cette année 1977, avec l’alternative de « Nimeño II », aura été d’une importance capitale pour la tauromachie dans notre pays. Comme le disait Christian avec la modestie qui le caractérisait, dans une interview au critique taurin Georges Dubos en mars 1979 : « Ce que j’ai fait, un autre l’aurait fait un jour. L’important était de le faire, on s’en rendra compte par les retombées que cela aura en France ».
40 ans plus tard, tout est dit et rien n’est oublié 

André Marc Dubos